La situation sécuritaire de la région ouest-africaine marquée par des poussées djihadistes soulève la question des éventuelles sources de financement des activités groupes armés non-étatiques. C’est dans ce contexte qu’un rapport sur les circuits aurifères dans la région révèle que le Togo est fortement impliqué dans un trafic d’or provenant du Burkina Faso, du Niger et du Ghana.
Dans un récent rapport, l’Organisation Suisse “SWISSAID”, met en lumière un circuit de flux financiers illicites lié à l’exploitation de l’or (importation comme exportation) dans lequel les autorités togolaises sont très actives, puisqu’elles n’arrivent pas à produire des chiffres cohérents, encore moins à réglementer le domaine. Les liens entre les conflits armés et les circuits illégaux d’exploitation minière ne sont plus à démontrer.
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Le rapport établit clairement qu’il « existe un important trafic d’or à destination du Togo, qui n’apparaît tout simplement pas dans les chiffres officiels pour les années 2013-2022. L’or concerné provient du Burkina Faso, du Niger, du Ghana et vraisemblablement encore d’autres pays de la sous-région [et] transite par le Togo, car ce pays pratique ce que certains observateurs ont qualifié de dumping fiscal ».
Dans la contrebande d’or en Afrique de l’Ouest, le Togo apparaît en tête de lice. Ainsi au moins 7 tonnes par an de l’or artisanal jamais comptabilisées au Burkina Faso seraient acheminées clandestinement par voie terrestre vers Lomé sur la période indiquée plus haut.
D’ailleurs des volumes bien plus importants sont évoqués dans d’autres rapports comme celui de l’OCDE en 2018 où il est mentionné 12 à 20 tonnes par an. Une situation reconnue par les Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina Faso (BUMIGEB) qui avoue qu’il n’y a pratiquement pas d’exportations légales d’or du Burkina vers le Togo.
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Les autorités togolaises ne peuvent pas nier être au courant de ce circuit bien révélé par le journal Financial Times dans un article de 2021 : « L’or Burkinabé est principalement passé en contrebande par la frontière poreuse du pays avec le Togo et transporté par avion jusqu’à Dubai pour y être raffiné ».
Cet article précise que « les négociants de la région ont confirmé qu’une grande partie de l’or extrait de manière artisanale au sahel est introduite en contrebande au Togo où il est taxé au taux plus bas du pays, avant d’être expédié à Dubaï, la plupart du temps dans les bagages à main des vols commerciaux ».
Du côté du Niger, la région du Liptako est indiquée comme source d’environ 2 à 3 tonnes d’or par an, introduites clandestinement et vendue au Togo.
En septembre 2020, indique le rapport de SWISSAID, des officiers du ministère de la Sécurité nationale du Ghana ont arrêté 4 contrebandiers en train de faire passer 15 kg d’or au niveau de la ville frontière d’Aflao. Et loin d’être un acte isolé, il s’agissait d’un circuit qui faisait passer de grandes quantités de lingots d’or depuis ce pays vers le Togo.
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L’existence d’un tel circuit illégal non combattu par les autorités togolaises est de nature à alimenter les suspicions de financement des activités des groupes criminels qui déstabilisent la région actuellement. Pour certains observateurs, le régime togolais joue au pompier pyromane quand il se pose en médiateur dans les conflits qui minent la région alors même qu’il n’arrive pas à mettre fin à ces genres de trafic de minerais. Dans une telle situation, il n’est pas difficile de penser que ce trafic profite au régime.
En dépit de ces rapports, ce trafic semble se poursuive et le Togo y apparaît de plus en plus comme la plate-forme tournante. Entre 2012 et 2022, ce sont un peu plus de 154 tonnes d’or qui ont été clandestinement acheminées au Togo, puis réexportées.
