Après plusieurs attaques dans le Kpendjal, les groupes armés actifs au Burkina Faso semblent désormais concentrer leurs assauts vers la frontière nord du Togo. L’attaque de Longou, ce 11 novembre, qui a touché des concessions togolaises, confirme ce déplacement du front.
Les attaques se déplacent, les populations s’inquiètent. Après le Kpendjal, c’est désormais la frontière nord du Togo qui devient le nouveau théâtre des violences djihadistes, signe d’un glissement progressif du front vers la région de Tône.
La région des Savanes, dans l’extrême nord du Togo, vit depuis plusieurs semaines au rythme d’une recrudescence des attaques armées à la frontière avec le Burkina Faso. Les incursions de groupes terroristes, de plus en plus audacieuses, plongent les populations frontalières dans un climat d’insécurité et de peur permanente.
Le 27 octobre dernier, une patrouille de l’opération Koundjoaré, déployée pour sécuriser la zone frontalière, a sauté sur une mine artisanale sur l’axe Papri-Kouampante, dans la préfecture de Kpendjal-Ouest. Le bilan est lourd : un officier a perdu la vie et trois autres soldats ont été grièvement blessés.
À la mi-septembre, sur le même axe, quatre membres d’une famille avaient également trouvé la mort lorsque la charrette à bord de laquelle ils se rendaient au champ a explosé sur une mine près de l’école du village de Kouampante.
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Ces attaques répétées aux engins explosifs improvisés démontrent le degré de nuisance des groupes armés et leur capacité à entraver la mobilité des populations.
Ce 11 novembre, c’est le village de Longou, situé en territoire burkinabè mais frontalier du canton de Poissongui (commune de Tône 1), qui a été pris pour cible.
Selon des sources locales, vers 9 heures, plusieurs hommes armés à moto ont investi la localité, incendiant de nombreuses concessions. Des habitations togolaises auraient également été touchées.
« L’attaque a eu lieu pendant que les cours se déroulaient. Les enseignants auraient reçu l’ordre de la hiérarchie de fermer les classes et de rentrer chez eux », raconte un habitant voisin de l’école primaire publique de Djakpaga.
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Ce n’est pas la première fois que Longou est attaqué. Le 30 octobre dernier, le même village avait déjà été la cible d’une incursion armée. Situé à proximité du village togolais de Djakpaga, Longou est considéré comme le dernier verrou avant la frontière togolaise. Ces attaques successives confirment la volonté des groupes armés d’étendre leur zone d’influence vers le sud.
Selon plusieurs observateurs sécuritaires, la construction de tranchées par l’armée togolaise le long de la frontière est, dans les préfectures de Kpendjal et Kpendjal-Ouest, aurait contribué à déplacer la zone de combat vers la frontière nord, où les positions togolaises sont désormais davantage exposées.
Cette montée de la violence accroît la pression sur plusieurs villages togolais frontaliers, où un nouveau flux de déplacés burkinabè commence à se signaler.
Alors que le gouvernement togolais ne laisse filtrer aucune information officielle sur les opérations militaires en cours, la situation sur le terrain reste préoccupante.